20 danseurs pour le XXe siècle au Théâtre du Châtelet

20 danseurs pour le XXe siècle au Théâtre du Châtelet

Photo : Anna Fabrega

Pendant près de dix ans, Boris Charmatz a dirigé le Musée de la danse, centre chorégraphique de Rennes. À défaut d’y construire un vrai musée dédié à l’art chorégraphique, il a imaginé en 2012 20 danseurs pour le XXᵉ siècle, une exposition vivante qui donne à voir des échantillons de la danse du XXᵉ siècle, des grands classiques aux danses plus populaires, incarnés par les meilleurs danseurs de leur génération. Une proposition renouvelée en pleine crise du Covid au Théâtre du Châtelet, dans le cadre du portrait consacré au chorégraphe par le Festival d’Automne.

Sens de circulation obligatoire, limitation de la jauge dans chaque salle, ouvreurs qui veillent au respect de la distanciation physique, la déambulation chorégraphique 20 danseurs pour le XXᵉ siècle et plus encore proposée par Boris Charmatz au Théâtre du Châtelet restera marquée par les conséquences de la crise sanitaire. Réunir vingt danseurs venus de toute l’Europe, parfois de plus loin, et les répartir dans tous les espaces publics du théâtre a été une gageure à laquelle ni la crainte de l’épidémie, ni les changements d’horaire liés au couvre-feu en vigueur à Paris n’auront fait renoncer Boris Charmatz. Alors qu’il a déjà proposé ce parcours chorégraphique dans des musées, dans d’autres théâtres comme l’Opéra Garnier ou même à l’extérieur, le cadre varié et éclectique du Théâtre du Châtelet restauré en 2019 offre un terrain de jeu inédit aux danseurs et chorégraphes chevronnés embarqués dans cette aventure.

Seul dans le hall, Marco d’Agostin se lance avec méthode dans une Schuhplattler, danse traditionnelle austro-bavaroise extraite de FOLK-S d’Alessandro Sciarroni. Il alterne ses passages avec Filipe Lourenço, qui pratique et enseigne les danses traditionnelles du Maghreb. Sensualité assurée avec sa magnifique danse guerrière du nord Maroc, extraite de son solo Pulse(s).

Au premier étage, l’avant-foyer accueille Salia Sanou, le chorégraphe et danseur burkinabé qui interprète Et vous serez là, sa création 2019. Un temps calme avant les danses folkloriques russes revisitées par Olga Dukhovnaya, danseuse et chorégraphe d’origine ukrainienne résidant à Rennes. Au-delà du folklore, elle nous permet de toucher du doigt l’âme russe par un story-telling original. Le grand foyer au décor néo-Renaissance se consacre au répertoire majeur du XXᵉ siècle, et notamment aux séquences clés de l’œuvre de George Balanchine, interprétées par Laurence Laffon, ancienne danseuse de l’Opéra de Paris, ou de Merce Cunningham, dansé par Ashley Chen, ancien danseur de la Merce Cunningham Company et du Ballet de l’Opéra de Lyon.

Dans le salon Diaghilev, João Fiadeiro, instigateur de la nouvelle danse portugaise dans les années 1990, reprend l’un de ses solos cultes I am sitting in a room different from the one your are in now. De l’autre côté, dans le salon Juliette Greco, c’est Bryana Fritz, chorégraphe et interprète basée à Bruxelles, qui propose un extrait de Submission Submission, un travail personnel très subversif autour des saintes et des stigmates, de la chair et du sang menstruel. Troublant.

L’émotion commence à monter du côté de la galerie Joséphine Baker, où Florian Caron, jeune danseur de la Compagnie de l’Oiseau-Mouche, danse le solo créé pour La Ronde, une installation vidéo réalisée par Denis Darzacq et le chorégraphe Thierry Thieû Niang il y a deux ans.

L’ascension vers les étages supérieurs du théâtre se poursuit par le côté cour, qui permet de découvrir dans les coursives du deuxième balcon la danse sensible et à fleur de peau de Katia Petrowicz, qui interprète sa partition chorégraphique de Crowd de Gisèle Vienne ou, à l’amphithéâtre, de la Taïwanaise I-Fang Lin pour un fantastique extrait de Pavlova 3’23’’ de Mathilde Monnier.

Dans le Foyer Ninjinsky, récemment transformé en boîte de nuit, les danseuses Johanna Lemke et Raphaëlle Delaunay se partagent l’espace. La première propose des danses vitaminées extraites des films Flashdanse ou Fame, tandis que la seconde étreint l’assistance avec une interprétation magistrale du solo de l’Élue du Sacre du printemps de Pina Bausch avant d’enchaîner sur une chanson de Beyoncé. Une salle, deux ambiances.

Sur la terrasse Nijinski, ornée de sculptures retaillées de la danse, le drame, la comédie et la musique, qui offre une vue imprenable sur la Seine, la place du Châtelet et la Tour Saint-Jacques, un Frank Willens déchaîné et une Peggy Grelat-Dupont habitée associent texte et danse, en s’appuyant sur leurs riches expériences d’interprètes.

Dans une petite salle sous les combles, c’est Marlène Saldana, comédienne française et Pol Pi, chorégraphe et danseur trans brésilien qui jouent le décalage entre Dore Hoyer, pour lui et les Heidi’s Four Basket Dances de Mike Kelley, pour elle.

Fin du parcours à l’orchestre, dont la fosse recouverte permet les interventions successives de Fabrice Mazliah, ancien danseur de William Forsythe, Marie Goudot, interprète d’Anne Teresa De Keersmaker et enfin Benjamin Pech, ancien danseur étoile du Ballet de l’Opéra de Paris qui réalise un rêve d’enfant en dansant La mort du cygne, chorégraphié en 1905 par Michel Fokine pour Anna Pavlova. Un très grand moment, aussi inattendu qu’émouvant, à l’image de cette soirée.

Delphine Goater - ResMusica - 27 octobre 2020

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