Autoportrait de l’enfance...

d’une grande Dame de la scène et du cinéma français, Ariane Ascaride.

Touchée par les fées, c’est la rencontre d’un ange qui écrit, Marie Desplechin, d’un génie qui met en scène, Thierry Thieû Niang, et d’un elfe qui joue sur les planches du Théâtre de L’Aquarium, Ariane Ascaride.
Le spectacle, une pièce en progression depuis les représentations initiales données au Festival d’Avignon en 2010, un passage à La Maison des Métallos à Paris, une tournée en région. Aujourd’hui, le monologue interprété par Ariane Ascaride est une pièce de joaillerie. Les mots ont été taillés avec pudeur et justesse, la chorégraphie crée un mouvement avec les reflets de l’enfance, le jeu est serti de fugue et de variation, l’alliage des souvenirs et des émotions. Touchée par les fées.

Touchée par les fées, itinéraire d’une enfance gâtée entre un père qui pousse le bouchon un peu loin – la famille vit à Marseille –, d’une mère qui abdique, et de deux frères qui subissent cette ambiance infusée de pauvreté et de singularité.
Très jeune, la petite Ariane est poussée sur les planches par son père pour jouer des pièces locales avec la troupe d’amateurs. Son rêve, incarner Puck, un lutin de la mythologie celte et rencontrer le beau danseur étoile, Rudolf Noureev.

Des scènes de famille aux scènes de théâtre, le fabuleux destin d’Ariane Ascaride est en route. Le texte renvoie à des souvenirs d’enfance mêlés de tendresse, de nostalgie et de clairs-obscurs. L’histoire révèle un chef de famille aux antipodes de son rôle de père et d’époux. Ses enfants, il ne s’en occupe pas beaucoup, excepté Ariane. Son épouse, il en partage la vie, mais pas l’amour. Peut-être, est-ce dû à ses origines napolitaines, il a le bagou facile. Coiffeur, il a le coup de ciseau facile. Brun comme un méditerranéen, il se sent l’âme slave, mais il n’en est pas pour autant brave. L’enfant Ariane vit des moments uniques avec son père quand de concert, tous les deux entonnent des chants des Chœurs de l’Armée Rouge. La maman a peu de place dans cette vie, le père l’envahit, même absent.

Les mots de Marie Desplechin, une écriture conjuguait à trois temps, le passé simple, le présent et l’imparfait. La fluidité du style rend le monologue touchant, sincère et certaines répliques frôlent l’affection, voire l’amour. La ponctuation rythme des virgules intimes, des points d’interrogation ou d’exclamation de la jeune vie d’Ariane.

Ariane Ascaride invite le public à écouter une histoire qui n’est pas universelle car l’enfance se singularise avec une profusion d’images, de sons, de rêves, de peurs et d’incompréhension. La petite salle du Théâtre de L’Aquarium crée un rapport privilégié entre l’artiste et le public. L’évocation de toutes ces impressions crée un spectacle aussi vivant que peut l’être l’énergie déployée par la comédienne de bout en bout. Cette enfance, son enfance, ressemble à une pièce de théâtre où son père est tour à tour l’auteur, le metteur en scène et tient le rôle-titre. Ariane assiste avec sa naïveté à ce spectacle dont elle comprend les grandes lignes et aspire en silence à des désirs inaccessibles comme l’envie de voler. D’où son rêve d’interpréter Puck, le personnage du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. La comédienne véhicule une errance intimiste partagée avec le public en laquelle chacun est susceptible de retrouver des racines communes, le rêve et les illusions en sont.

Ariane Ascaride rend grâce à sa mère dans le spectacle en lui restituant la place qui est sienne dans ce foyer déconstruit par un homme aussi anecdotique qu’imprévisible. L’interprétation alterne entre stabilité et chorégraphie, le jeu et la danse se fondent l’un dans l’autre avec une aisance artistique maitrisée par l’excellente Ariane Ascaride. Aux mouvements, les mots tissent leur toile et l’histoire n’en est que plus belle et touchante à suivre.
La mise en scène assurée par Thierry Thieû Niang tient sur un fil, le fil d’Ariane. La transmission d’un récit de l’enfance écrit pour être joué comme une ode à la vie, une musique pour le théâtre.

Touchée par les fées, l’effet papillon animé par un ange, Marie Desplechin, un génie, Thierry Thieû Niang, et d’un elfe, Ariane Ascaride.

Philippe Delhumeau - La Russie Francophone - 18 mai 2015 / Photo JL Fernandez

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