Festival In d’Avignon : « Un état de grâce »
Cette 70e édition, ancrée dans la réalité politique, a su toucher les coeurs et les consciences, et nourrir l’imaginaire collectif
Le bonheur retrouvé. De retrouver, d’abord physiquement, le jardin de la Maison Jean Vilar, ses micocouliers et ses souvenirs de rencontres enchanteresses d’un autre temps, d’un autre siècle. Le bonheur enfin de partager une allégresse, celle d’avoir vécu une belle aventure, dix-huit jours durant, « un moment d’exception », un Festival d’Avignon en tous points éclatant, par ses propositions, et son taux de fréquentation.
Dimanche en début d’après-midi, à l’heure du bilan, le directeur Olivier Py pouvait se laisser aller à son plein contentement, après deux premières éditions en demi-teinte, cette 70e aura su emporter la concordance des humeurs, les éloges, dissipant tout éclair de polémique. « Ce festival était un moment de grâce, les artistes nous ont fait un immense cadeau, en nous proposant non pas une œuvre, mais leur chef-d’œuvre, lançait-il en préambule. Tous forts d’une conscience politique qui ne cède en rien au désespoir ».
Le monde résonne toujours à Avignon
Mai 68, la guerre en Bosnie, le Rwanda... toujours le Festival s’est senti concerné par l’état du monde. « C’est le sens d’Avignon. Ce n’est pas un festival de divertissement, on y va pour mettre plus exacte l’horloge de la conscience et on le fait avec les artistes ». Cette année, l’attentat de Nice s’est imposé comme une nouvelle déflagration.
Pour autant le public, toujours assoiffé d’émergences et de découvertes, était présent. « Il était déjà un public engagé, militant, après ce 14 juillet, il est devenu résistant », assurait Olivier Py. « Le Festival est peut-être devenu plus grave, mais aussi plus fort, et en un sens plus joyeux, si on veut bien entendre dans la joie que nous avons eue à le vivre quelque chose qui a à voir avec la gravité ».
Trois succès dans la Cour d’honneur
« Un fait assez rare pour qu’on puisse les applaudir », soulignait avec humour Olivier Py, lui qui vit l’an dernier son Roi Lear essuyer des critiques assassines. « La Cour est un lieu difficile, elle peut être un paradis comme l’enfer, elle a été cette année, trois fois le paradis ». À tout roi (ou plutôt reine) les honneurs. La Comédie-Française, qui faisait là son grand retour après 23 ans d’absence, a tout simplement subjugué, soir après soir, imposant, sans coup férir, des Damnés et leur question glaçante sur la pérennité des idéaux fondamentaux de l’Europe. Proprement époustouflant !
L’ensorcellement ne cessa en rien avec Amos Gitai et Ytzhak Rabin, chronique d’un assassinat et Babel7.16 de Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet.
Avignon est incontestablement ce lieu d’engagement où on entend la pulsion du monde. Propositions novatrices, dérangeantes, touchantes, difficile de les énumérer toutes, de citer tous ces artistes et poètes qui nous ont touchés au cœur (Anne Cécile Vandelem, Thomas Jolly, Thierry Thieû Niang, Krystian Lupa...).
Après le focus sur le Moyen- Orient, c’est l’Afrique subsaharienne qui sera l’invitée de 2017. On a déjà en poche la carte d’embarquement ! (...)
Chantal Malaure - La Provence - 25 juillet 2016
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