Jean-Luc Nancy

Un camion lancé…

Un camion lancé pour écraser des enfants - entre autres - donne une image insoutenable du nihilisme. Le nihilisme lui-même nomme un aboutissement : celui de notre histoire et notre civilisation. Qu’il s’empare de simulacres religieux ou bien d’égarements psychotiques, qu’il se veuille fou de Dieu ou de transhumanisme, il trouve à se distiller et à empoisonner partout et chez tous ceux que peuvent fasciner les puissances d’anéantir.

Il ne suffit pas de lui déclarer la guerre. Il faut nous en prendre à nous-mêmes, à notre entreprise universelle de puissance à jamais assouvie. Il faut arraisonner et démonter les camions fous de nos supposés progrès, de nos fantasmes de domination et de notre obésité marchande.

Le monde est à un tournant. Il est à un tournant. Il a un nouvel avenir à inventer. Tuer les enfants (et les autres), c’est tuer l’avenir sans même faire exister un présent. Il ne suffit pas de hausser le ton : il faut aussi penser ce qu’exister peut vouloir dire d’autre que faire rouler des camions, des machines et des entreprises.

Un homme politique, une femme politique aujourd’hui ne peut plus éviter de parler du sens de notre monde. Et pas seulement en récitant la devise de la République française.

Car chacun de ces mots est écrasé par les camions, les machines et les entreprises.

Et par l’insuffisance ou la négligence de nos pensées.

Il ne s’agit de nous accuser plus que d’accuser les fanatiques, les terroristes et les terrifiés. Il s’agit de passer outre toutes les formes de réflexes conditionnés. Car ce qui est en jeu l’exigence inconditionnelle d’un monde possible.

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