Patrice Chéreau lit « Coma » au Théâtre de la Ville

Le texte original est de Pierre Guyotat. La mise en scène du chorégraphe Thierry Thieû Niang. La voix, celle qui remplit seule l’espace vide de la scène, de Patrice Chéreau. Rejouée au Théâtre de la Ville du 13 au 17 septembre 2012 après un passage à Avignon et à l’Odéon, « Coma » est une œuvre étrange : à la fois pleine et déserte, tendue et lâche, brulante et glacée. Portée par l’interprétation de Patrice Chéreau (ici dans son rôle d’acteur soliste et non de cinéaste ou de dramaturge) et la mise en scène épurée de Thierry Thieû Niang, « Coma » marque de son empreinte, durablement.

A la base de « Coma », il y a le texte, bien sûr. Celui autobiographique et éponyme de Pierre Guyotat, dans lequel l’écrivain français né en 1940 fait le récit douloureux de sa dépression. Une crise existentielle et artistique qui l’a conduit à un endormissement prolongé des sens et de la conscience jusqu’à l’évanouissement à proprement dit – l’auteur, tombé dans le coma, est hospitalisé en réanimation à l’hôpital Broussais.

Le livre a été publié en 2006 mais se réfère au début des années 1980, au moment de l’écriture laborieuse d’Histoires de Samora Machel (toujours inédit) et de l’adaptation au théâtre de Tombeau pour cinq cent mille soldats par Antoine Vitez. Pierre Guyotat a quarante ans. Il est déjà l’auteur à scandale que l’on connaît aujourd’hui, censuré à de multiples reprises pour sa violence et l’engagement de son œuvre.

Dans la lecture qu’en donne ici Patrice Chéreau, seuls quelques extraits du texte sont repris sur scène. S’y racontent la peur, le vide, la dépression qui s’installe, les repas qu’on ne prend plus, les médicaments, la mort des désirs, l’effort déployé pour survivre, le cahier jaune sur lequel les mots s’empêtrent, les « craquements d’arbre » ou les « étoiles » qu’il enferme entre ses pages, la langue enfin, qui seule maintient à proximité du monde.

« Coma » est l’histoire d’une chute, d’un corps qui disparaît, puis d’une lente et rampante convalescence. Un texte brutal, que Patrice Chéreau incarne au sens premier du terme, faisant chair l’écriture, organisme maladroit ou tendu, écrasé par la pesanteur, mots exténués, souffle coupé et voix hachée, superposée ou enroulée sur elle-même. Lamentation timide, monstrueusement proche ou lointaine. Intime.

Mais ce qui fait de la pièce cet instant singulier tient surtout à la « mise en espace » de Thierry Thieû Niang, invisible à l’œil nu – le plateau est dépouillé comme un derme à vif – mais incroyablement présente. Le chorégraphe a l’habitude de travailler sur les corps « empêchés » (malades, autistes, prisonniers). Il transforme l’acteur en un lecteur dansant, presque immobile mais dont les moindres déplacements sont habités d’un poids, d’une physicalité palpable depuis les gradins. Tout est calculé : les arrêts, les reprises, les regards, la place des appuis, les déséquilibres, les gestes des mains et des bras. « J’ai cherché à rendre compte de la façon dont la langue traverse le corps, comment le corps cherche la langue » explique Thierry Thieû Niang. De l’angoisse « qui plie les genoux » au « sursaut des rêves », toute l’organicité du texte est transposée sur scène.

C’est donc grâce à une chorégraphie de la sensation que le livre de Pierre Guyotat se « dit », parvient à s’écouter autrement, à se voir, à se ressentir « comme le ressentent l’acarien du tapis, le crabe ou la baleine ». « L’œuvre est là, sous mes doigts, des voix qu’il faut que je libère de mes entrailles, » articule lentement Patrice Chéreau peu de temps après son entrée en scène. Une libération éprouvante mais salvatrice.

Céline Piettre - Blouin ArtInfo - 11 septembre 2012

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