Thierry Thieû Niang mène la danse
Photo : Getty - Foc Kan
Pour le danseur, chorégraphe et metteur en scène Thierry Thieû Niang, un seul geste suffit pour créer un mouvement de danse, pour « reconquérir un espace d’humanité » avec les personnes malades ou empêchées par leur corps. Il esquisse ce que peut la danse dans son livre « Agapè, Danser à l’hôpital ».
Danseur, chorégraphe et metteur en scène, Thierry Thieû Niang est animé par l’envie de partager la danse avec toutes et tous, grands et petits, aux corps valides ou empêchés. Il a construit son parcours de création en parallèle d’ateliers auprès de professionnels et d’amateurs, d’enfants et de seniors, de personnes autistes, détenues ou porteuses de handicap.
En mai 2022, il publie aux éditions Eres Agapè, Danser à l’hôpital. Il raconte sa rencontre avec des patients de l’hôpital Avicenne à Bobigny, où il est artiste-associé pendant deux ans. Il pratique son art dans les services oncologie et hématologie, plus particulièrement auprès des patients en parcours de chimiothérapie. "Sur ma blouse blanche, à l’hôpital, il y avait écrit « danseur chorégraphe ». Je disais que je venais chercher avec eux ce qu’il reste dans le corps lorsqu’on est dans le moment de la chimiothérapie ou dans l’attente d’un pronostic. Chercher avec eux comment le corps attend, reçoit, et inventer ensemble des gestes qui consolent. Je ne répare pas, je ne soigne pas, mais j’invente des gestes qui consolent" explique Thierry Thieû Niang.
Il livre un portrait de ces personnes avec qui il partage un moment, parfois simplement habité d’un silence, et la manière dont cela l’a bouleversé, déplacé. De là, il explique ce que peut la danse : selon lui, elle vient réparer l’image d’un soi dévasté, parfois déchiré. Si les mots ne peuvent rien contre la maladie, la danse, par l’indicible, permet parfois aux patients de confier ce qu’ils n’ont plus la force d’exprimer. "Les patients avaient besoin d’un autre corps. Les corps des soignants vont très vite, ils courent partout, ils entrent, sortent. Moi, je reste avec eux pendant parfois trois heures, il y a un temps du corps qui s’installe, qui permet un lâcher prise, une confiance" nous dit Thierry Thieû Niang.
Thierry Thieû Niang fait ainsi de la danse un engagement éthique et politique, de défense de la dignité, du respect et de la bienveillance. Il affirme : "Hommes, femmes, jeunes comme plus âgés, la danse est écrite, inscrite dans tous les corps, même les corps malades."
"La Grande Table culture" par Olivia Gesbert - France Culture - 18 mai 2022
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En répétition : Ovni rêveur, le corps éparpillé dans la têteThéâtre de Lorient