En quête de notre humanité commune

Un enfant joue à tomber, ne bouge plus, se relève et recommence. A quoi joue-t-il ? Dans Au cœur, le chorégraphe Thierry Thieû Niang rassemble de jeunes amateurs pour explorer l’ombre de la mort qui plane sur le temps présent et faire vivre à l’unisson notre humanité commune.

- Vous travaillez autant auprès d’artistes professionnels que d’enfants et d’adultes amateurs et investissez des lieux très divers. Ici vous avez constitué un groupe de jeunes de 9 à 17 ans. Quel est le désir qui vous a amené à développer des projets avec les gens ?

Thierry Thieû Niang : Ces créations touchent les questions qui me sont essentielles et qui trament ma démarche chorégraphique : l’altérité, le vivre ensemble, donc tout ce qui fait la vie, c’est-à-dire aussi les différences et les particularités. À un moment de mon parcours d’artiste, j’ai ressenti le besoin de chercher ma propre danse, de me défaire des formatages techniques. J’ai alors commencé à travailler avec d’autres personnes, qui m’ouvraient à d’autres imaginaires.

- Chercher un geste commun à travers la danse, est-ce une façon de travailler à ce qui nous unit ?

T.T.N. : Il s’agit de créer un acte pluriel né de pensées et de désirs de chacun et de tous, d’échanger des gestes ouverts, qui parlent à tout le monde : une position dans l’espace, une inclinaison de la tête, un bras qui se lève… Tout corps est dansant pour moi. Le mouvement est un langage, sans doute le plus archaïque mais aussi le plus intime, qui nous relie par-delà les langues, les cultures, les classes ou les âges. Au cœur réunit des enfants et des adolescents de tous milieux sociaux : certains viennent du secours populaire, d’autres suivent régulièrement des ateliers à la Collection Lambert.

- Quel est le processus de travail que vous développez avec ces personnes ?

T.T.N. : J’observe les corps bouger lors d’actions simples, de placement, de rapport aux objets, d’écoute musicale. Nous avons ici sondé le motif de la perte, de la chute, de l’abandon, de la renaissance… des corps d’enfants échoués sur une plage. Je pars des personnes et de ma lecture subjective, j’essaie de voir jusqu’où je peux les amener à travers un imaginaire, un déplacement, un mouvement dansé. C’est la réunion de ces individus et la somme de ces actions qui vont impulser un souffle et une danse commune.

-  Au cœur mêle aussi des œuvres plastiques de Claude Lévêque, un texte de Linda Lê, des chants de Camille… Comment ces univers entrent-ils en résonance ?

T.T.N. : Chacun de ces artistes témoigne d’un lien très intime aux thématiques abordées et a élaboré une proposition pour ce groupe-là. Claude Levêque explore souvent l’enfance, s’installe parfois en résidence dans des écoles pour créer. Fille d’immigrés, migrante elle-même, Linda Lê a rêvé ces jeunes comme des enfants de la mythologie qui reviendraient prendre la parole. Camille les fait chanter a capella des berceuses. L’alliance de leurs imaginaires est venue enrichir le nôtre.

Entretien réalisé par Gwénola David - La Terrasse - 26 juin 2016 / Photo Jean-Louis Fernandez

Voir en ligne : Retrouvez cet entretien sur le site La Terrasse

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